C
' est au sommet d'un promontoire que nous rejoignîmes le lac,
dont les rives étaient, en maints endroits, profondément échancrées, donnant à l'ensemble un côté "archipel castorien".
On retrouvait là aussi cette sereine sévérité qui est l'empreinte distinctive de ces contrées boréales.
Traversant le plateau et empruntant une courte vallée, nous ralliâmes la berge du lac que nous longeâmes par un bois sillonné de sentiers de castors et qui abritait quelques couvées de pinêwäk ( perdrix ). Après être passés à côté du barrage du deuxième lac et avoir à peine troublé le bain enjoué d'un couple de nikikwäk ( loutres ), nous vîmes le ruisseau de décharge plonger bruyamment dans une petite gorge étroite qui retint quelque peu notre attention avant que nous gravissions la rive gauche; celle-ci nous permit d'accompagner quelque tenps le ruisseau dans sa course bondissante. Cette dernière s'accéléra brutalement quand le ruisseau, franchissant des seuils rocheux et se résolvant en de multiples cascades du plus bel effet, se décida à dévaler la montagne.
Au bas de celle-ci nous refranchîmes le ruisseau et dirigeâmes nos pas vers une muraille haute de septante cinq pieds environ et qui, en hiver, se charge paraît-il de l'un des plus belles orgues de glace qu'il soit donné de contempler, moult lieues à la ronde.
Sur la gauche et avec l'évident dessein d'échapper à l'inextricable fouillis arbustif en contrebas, le sentier, en courtisant de très près la muraille s'éleva progressivement, s'insinuant avec une souple élégance entre les troncs de quelques Betula papyrifera ou d' Acer rubrum d'une part et la paroi d'autre part. Cette ascenscion nous conduisit à un col, où le sentier suivit une petite dépression formant un rassuramt couloir à la sortie duquel nous abordâmes une ample bétulaie ponctuée d'érables et de quelques épiceas et qui recouvrait toutes les pentes avoisinantes.
Sur la gauche du sentier et à proximité d'une petite élévation, je notai la présence d'une communauté très dense de Picea mariana ( épinette noire ) qui contrastait avantageusement avec la fûtaie environnante. La bétulaie, plantée ça et là de Pinus banksiana et de Populus tremuloïdes nous accompagna jusqu'au fond d'une vallée où nous ne manquâmes pas de rencontrer l'inévitable ruisseau tributaire des eaux de ruissellement et nous entamâmes, avec peut-être un peu moins d'ardeur qu'en début de journée, la montée menant au sommet du dernier massif.
Tout en grimpant, je pus remarquer une nouvelle fois le rigoureux étagement de la végétation: sitôt que nous utilisions la charitable déclivité d'une coulée, nous évoluions parmi les feuillus mais dès que nous nous hissions sur l'arrondi des masses rocheuses, nous retrouvions le domaine de Pinus banksiana .
Parvenus à ce qui pouvait sembler être le sommet mais qui n'était en fait qu'une avancée largement dégagée, nous pûmes, comme digne rétribution à l'effort que nous venions de fournir, nous repaître une nouvelle fois de la splendeur et de la majesté d'un espace qui semblait sans cesse repousser ses limites.
Vers le nord et dans le prolongement du col que nous avions précédemment franchi, un lac( lac Wasa ) rejoygnoit la base des collines, tandis que s'étendait au-delà, une vaste plaine close à l'horizon par une série de petites montagnes.
À nos pieds, nous avions l'ample amphithéâtre qui s'ouvre sur le sud et dont l'entrée est gardée par la formidable sentinelle qu'est Kokotchiwachätina , tandis qu'en face se profilait le massif qui avait constitué le programme de notre matinée.
À propos
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